LA DENTELE BIGOUDENE

Une simple boîte pour ranger son fil, ses crochet et sa paire de petits ciseaux, ses motifs terminés et celui en cours, voire un dévidoir métallique... La simplicité du matériel, la compacité et la mise en oeuvre rapide et en tout lieu : C'est là encore une autre partie du succès de la dentelle.

Le crochet est l'outil essentiel de la dentellière. Même si le principe du crochet n'a pas varié au cours du temps, son allure a évoluée suivant en cela les mutations technologiques de l'industrie.

Crochet années 1900 / 1910 avec protège-pointe.


Crochet "moderne" avec méplat.



Entre ces deux crochets, il y eut tout un tas de bricolages qui permirent aux femmes de conditions modestes de pouvoir travailler, elles-aussi : La nuance entre famille pauvre ou modeste prend ici toute son importance.

Certaines dentellières, parmi les plus pauvres, utilisaient un "bout de fil d'acier" dont l'extrémité était façonnée comme un crochet. L'acier de ce crochet rudimentaire était travaillé et trempé avec les moyens du bord.


Crochet années 1900



Plus évolué, ce type de crochet devait appartenir à une femme de modeste condition : Le crochet était fabriqué à partir d'une aiguille dont un côté du chat était ôté. Puis l'aiguille ainsi modifiée était enchâssée dans une tige de bois renforcée par ligature.



Légende :

A - Crochet à manche de buis.
B - Crochet en acier avec méplat.
C - Crochet avec protège-pointe.
D - Numérotation Française des crochets en acier.

Forcément (!), la numérotation Anglaise est différente et comprend le 2.0 (ou double zéro, le plus fin), puis les 0, 1, 2 jusqu'à 12, le plus gros. Une gamme de tailles plus restreinte, donc. Actuellement, la norme Européenne indique les tailles en millimètres qui vont de 0.60 à 7.00


Le fil est la matière première la plus importante de le dentellière.
Créée en 1746, la maison DMC (Dollfus-Mieg & Cie à Mulhouse) était et est encore la principale pourvoyeuse en fil du Pays Bigouden. Le fil était de coton, de lin ou de soie. Plus tard, de rayonne. Le lin et la soie ont été abandonnés après la dernière Guerre Mondiale : Trop chers.
C'est le coton qui a gardé les faveurs des dentellières Bigoudènes. Le blanc et l'écru sont les plus utilisés, le noir ou le bleu marine parfois tout comme le jaune d'or et le rouge-orangé, couleurs symboles du Pays Bigouden. Ce fil était conditionné depuis des minuscules pelotes de moins de dix grammes jusqu'à des bobines coniques plus conséquentes. La dénomination commençait à 700 (fil fin comme un cheveu) pour aller jusqu'à 5.00 ("gros"). Le fil le plus fin utilisé de nos jours est de type 100.


Il existe une relation étroite entre dimension du crochet et dimension du fil travaillé :


LA DENTELLE D'IRLANDE se présente sous deux aspects :

  • L'Irlande fine avec un fond picoté (ou grille) formé par des arceaux, lesquels sont agrémentés de roues, de pois, de pavés, de roses, d'étoiles, de feuilles, etc...
  • La Grosse Irlande aux motifs en relief, épais et compliqués exécutés sur cordonnet. Les motifs sont crochetés séparément puis rassemblés par un réseau de picot retourné.

Différents points sont employés pour exécuter cette dentelle d'Irlande :

  • La maille chaînette,
  • La demi-bride sur cordon,
  • La demi-bride avec jeté
  • La bride,
  • La bride sur cordon,
  • La double bride,
  • Le picot retourné ou picot d'Irlande.

Pour exécuter ce point de picot Irlandais, il faut faire 5 mailles en l'air puis lâcher la boucle, introduire le crochet dans la deuxième boucle et reprendre la boucle lâchée pour la faire passer dans la maille. (Vous avez le droit de relire plusieurs fois...)


LA DENTELLE BIGOUDENE est différente, principalement à cause de son picot ... différent. C'est ce picot qui donne son surnom à la dentelle pratiquée en Pays Bigouden : Les femmes y disent "Mon Picot" en parlant de leur ouvrage de dentelle ou de leur travail... Cette dentelle est étroitement dérivée de la Grosse Irlande.
Les points suivants servent à faire des motifs Bigoudens :

  • La maille chaînette,
  • La demi-bride sur cordon,
  • La bride sur cordon.

Ces motifs traditionnels sont montés sur cordonnet qui sert de support en même temps qu'il donne du volume et de la tenue au motif.

Le picot Bigouden est un réseau de dentelle servant à assembler les différents motifs. Cette assemblage est appelé "résure". Sa réalisation est différente de celle du picot Irlandais.
Pour exécuter ce point Breton, il faut faire un jeté sur le crochet qu'on ramène à travers la maille ainsi formée (Maille chaînette). Régulièrement, on multiplie les jetés avant de ramener le crochet : Une petite boule caractéristique du picot Bigouden se forme ainsi, sa dimension variant avec le nombre de jetés pratiqués. Puis on reprend la maille chaînette simple avant la prochaine confection d'une "petite boule".


De nombreux ouvrages en dentelles étaient réalisés : Blouses, corsages, cols, guimpes, gants et napperons...

Ces travaux étaient très longs et honteusement mal payés à des femmes et des enfants qui n'avaient parfois que le fruit de ce travail pour se nourrir, quand l'industrie de la pêche était au point mort. Pas question de se plaindre de ces prix bas et des profiteurs qui les pratiquaient : Ces pauvres gens avaient peur qu'en retour, revendication rime avec chômage. Mieux valait gagner peu que crever de faim.

Cette activité de subsistance lors des saisons où la pêche ne donnait pas devenait un salaire d'appoint en période d'abondance de poisson, période où le mari pêcheur avait du travail en mer et sa Bigoudène du travail à la conserverie.


Jeunes dentellières

Gant avec manchette.

Col en dentelle exécuté par
Joséphine Guégaden née Guichaoua


Napperon ovale 62 cm
exécuté par Joséphine Guégaden née Guichaoua