Gabriel Puig de Ritalongi

Auguste Louis Paul Puig, dit Gabriel Puig de Ritalongi (°1867 à Pont l'Abbé, +1898 à Pont l'Abbé). Publiciste, il "anoblit" son nom en lui ajoutant le nom de sa grand-mère maternelle, Rita Longi.
Il a écrit Les Chevaliers Bannerets du Pont (1897) et Catherine de Partenay (1897) et son principal ouvrage Les Bigoudens de Pont-l'Abbé et les pêcheurs de Penmarc'h et de la baie d'Audierne  (1894) en deux tomes. Dans le tome 2, une cinquantaine de pages sont consacrées à Penmarc'h. (Ré-éditions en 1994 et 2001)


Les Bigoudens de Pont-l'Abbé 
et les pêcheurs de Penmarc'h et de la baie d'Audierne

Ré-édition de 1994

Ré-édition de 2001

Les Bigoudens de Pont-l'Abbé
et les pêcheurs de Penmarc'h et de la baie d'Audierne


Penmarc'h est concerné par les pages 434 à 454, 458 à 493 et 500 à 506, soit  51 pages.


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PENMARC'H

PENMARC'H !... Ce mot ne semble-t'il pas magique et n'évoque-t-il pas a lui seul l'idée de quelques jolis contes extraits des Mille et une nuits ?

Peu de localités d'aussi minime importance que l'est aujourd'hui Penmarc'h, ont eu autant d'historiens, pour ne citer que Dom Morice, Dom Robineau, Combry, Le Chevalier de Fréminville, etc..; de romanciers : Ernest Ménard, auteur de romans historiques bretons, dont l'un est intitulé : Penmarc'h ; de romanciers modernes, parmi lesquels Jacques Brémond, Pierre Maël etc..., de poètes, en tête desquels il convient de placer Emile Péhant, Conservateur de la Bibliothèque de Nantes, et qui a écrit un poème remarquable,

Jeanne de Belleville, dont six chants : Penmarc'h, les Pirates, la Procession, l’Épée et la Croix, la Flotte ducale, et l’Incendie, faisant la suite de la Ve partie, sont consacrés a Penmarc'h, sur lequel encore, il écrivit un captivant roman : Jeanne la Flamme.

Je ne parle pas des peintres qui se sont inspirés de la mer de Penmarc'h, unique en son genre : ils sont légion.

Comment pouvoir la dépeindre, après cette admirable définition de Combry : « Tout ce que j'ai vu dans mes longs voyages, la mer se brisant


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sur les rochers d'Aitarelle, les côtes de fer de St Domingue, les longues lames du détroit de Gibraltar, la Méditerrannée près d'Amalfi, rien ne m'a donné l'idée de l'Océan frappant les rochers de Penmarc'h pendant la tempête. Ces rochers noirs et séparés se prolongent jusqu'aux bornes de l'horizon ; d'épais nuages de vapeur roulent en tourbillon ; bruits et lames se confondent, vous n'apercevez dans tout ce sombre brouillard que d'énormes globes qui s'élèvent, se brisent et bondissent dans les airs avec un bruit épouvantable ; on croit sentir trembler le sol et on est tenté de fuir; un étourdissement, une frayeur, un saisissement inexplicable s'emparent de toutes les facultés de l'âme ; les flots amoncelés menacent de tout engloutir, et l'on n'est rassuré qu'en les voyant glisser sur le rivage et mourir a vos pieds soumis aux lois immuables de la Nature. ››

Penmarc'h est l'aimant qui attire et attirera le touriste, parce-que la Nature l'a doté d'un spectacle qui étonne et effraie ; parce qu'on peut y vivre en présence du danger ; parce qu'on est en proie, devant ce déchaînement des éléments, aux émotions les plus poignantes, les plus terrifiantes, les plus horriblement vécues, de celles qu'on recherche pour le mal et le bien qu'elles procurent à la fois.... Parce qu”enfin, en notre époque de névrose, cette mer indomptable est une perpétuelle charmeuse, aux étreintes farouches qui broient et étouffent ; et aussi faut-il le dire, -- on y vient avec l'espoir secret d'assister a quelque scène atroce. comme l'on va voir les ménageries à l'heure où le dompteur est dans la cage aux lions, avec la malsaine espérance... qu'il sera dévoré, et qu'on pourra dire qu'on y était...




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Penmarc'h est avant tout, la région des anciens druides, aussi y rencontre-t-on des menhirs, des dolmens et autres monuments symboliques du paganisme, qui prouvent que de tout temps, cette région fut le centre d'agglomérations humaines importantes.

Au long de la route nous apercevons plusieurs de ces géants de pierre, au sujet desquels M. Tranois, auteur des Traditions de la Basse-Bretagne s'exprime ainsi :

« A l'aspect des monuments druidiques, on s'arrête, on contemple, on réfléchit, on voudrait remonter à l'époque des fondations et surprendre l'antiquité avec sa physionomie sévère et imposante !... Un grand souvenir, vague, confus, un effroyable mystère, une idée de puissance occulte et surnaturelle, plane sur ces masses immenses.»

Portons nos regards sur le côté droit de la route parce que toutes les curiosités archéologiques sont dans la direction de la mer.

A la sortie de Plomeur, près d'une ferme est un joli dolmen. Près du village de Lestrigniou, à 60 mètres au sud de la route, est le dolmen à galerie de Lestrigniou, tête de ligne d'alignements presque aussi beaux que ceux de Carnac. J'en reparle plus loin au sujet de la Chapelle de la Madeleine, dont au lointain nous apercevons le clocher.

Un autre petit menhir est à trente mètres du plus grand de cette région. Il se trouve près du village de Kerscaven, dans un champ bordant la route ; on l'appelle dans le pays, l'Évéque ou la pierre de la Vierge, parce que, vu de certains côtés, on y trouve à sa partie supérieure la représentation de la vierge tenant l'Enfant-Jésus dans ses bras, ou encore d'un évêque vu de dos. (V. couverture. Excursion à Penmarc'h).

La façon dont ces grands monolithes ont été dressés, est assez originale. M. du Châtelier, dont l'érudition en cette matière est incontestable et incontestée, en donne la définition suivante : « La place où le menhir devait s'élever était choisie, on creusait une excavation assez profonde pour


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enterrer la base du monument. Le bloc destiné à être érigé était amené sur des rouleaux jusqu'au lieu de l'érection. Rendu sur place, on le mettait sur une claie posée au bord du trou devant le recevoir. La tribu entière, avec des liens attachés à cette claie, le dressait et, à un moment donné, la base du menhir glissant dans le trou, il se trouvait debout. Les couches de terre remaniées, que l'on rencontre contre l'une des faces de la base du menhir, tandis que de l'autre côté elles sont en place, vierges de tout maniement, sont la preuve de ce que nous avançons. »
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HISTORIQUE

D'abord, d'où peut provenir ce nom de Penmarc'h. Ducrest de Villeneuve, en donne une définition qui, réfléchie et sensée, est la seule à laquelle on puisse s'arrêter :

« Ce nom, Pen, téte, Marc'h, cheval, - dit-il -, était-t-il dû a la configuration générale de la côte, ou a celle de certains rochers qui la défendent, et qui, baptisés de noms comme la Jument et autres, dénotent chez les populations les plus anciennes de cette contrée, la pensée constante du cheval. On l'a quelquefois attribué à l'esprit poétique de ces hommes primitifs qui amenèrent avec eux, et conservèrent avec soin, une race extraordinaire de petits chevaux aussi rapides que robustes. Ceux-ci voyant journellement la mer se briser au large sur les rochers, les lames s'arrondir et se soulever comme des croupes de chevaux au galop, les embruns emportés par le vent, comme leurs crinières flottantes. furent sans doute naturellement amenés a cette comparaison dont on peut encore aujourd'hui apprécier la justesse.


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La plupart des roches comprises de Guilvinec à la pointe de Penmarc'h portent des noms bretons bien caractéristiques, tels que Basse-Spinec, Bara-guen-bfras, Pen-ar-bleiz, Karek-ar-Gazek, Gazek-ar-Villers, Villers-Bras, etc...

Autrefois, le bourg et la paroisse s'appelaient Tréoultré, nom qu'ils conservèrent jusqu'au XVIIIe siècle, époque à laquelle on voit apparaître le nom Tréoultré-Penmarc'h, puis après la Révolution, celui de Penmarc'h tout simplement. .

Il est certain que cette côte fut habitée de bonne heure par des races primitives mais commerçantes. Le nombre des monuments mégalithiques semés à profusion sur ce territoire en est une preuve. Il est incontestable que, environ 600 ans avant Jésus-Christ, les habitants de Penmarc'h échangeaient des produits avec les Carthaginois et les Grecs. Les Phéniciens qui allaient en Irlande chercher de l'étain, trafiquèrent avec ces marins qui leur vendirent une sorte de thon salé, que ces étrangers apportèrent en Grèce. Il est fait mention de ces relations commerciales dans les fragments qu'on a retrouvés des voyages de Pytheas, antérieur au siècle d'Alexandre.

Je passe les différentes occupations étrangères où, battus et vainqueurs, les Penmarc'hais durent s'enfuir, revenir, pour, selon les péripéties des luttes disparaître et reparaître et s'y fixer à la seconde émigration en 364 de notre ère, à la suite de Conan Meriadec, chacun reprenant possession de son territoire.

Les habitants de Penmarc'h furent dans les temps les plus reculés, ce qu”ils sont encore aujourd'hui, d'intrépides et hardis marins. Les riches commerçants de Cornouailles, confiants en leur habileté, les chargèrent du trafic de leurs marchandises. Un


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établissement maritime se forma a Penmarc'h, mais le centre des opérations commerciales paraît surtout avoir été Kérity-Penmarc'h. Des commerçants, des ouvriers, s'y fixèrent, une ville se forma, qui ne fit que prospérer.

Au XIIIe siècle elle est déjà très populeuse. Cependant, les populations de la côte, hospitalières pour les étrangers qui y venaient pour affaires, se livraient à des actes de férocité contre les navigateurs et particulièrement contre les naufragés. C'est de ce moment que datent les pilleurs d'épaves, qui par des moyens répréhensibles, attiraient les navires a la côte pour les piller. Ces excès furent tels que le Concile de Nantes, excommunia sans merci, ces brigands. Le duc de Bretagne de son côté, imposa aux navires étrangers de prendre des pilotes de la côte. Il faut pour rendre justice, dire que les gens de la côte n'étaient pas les plus âpres aux gains illicites, et que leur affreuse industrie était non seulement tolérée, mais encore encouragée par les seigneurs barons du Pont, percevaient un droit sur ces parts de la mer. En 1732, le baron du Pont le réclamait encore et prétendait s'emparer de la valeur des objets sauvés, déduction faite des frais de justice.

A trente ou quarante lieues de Penmarc'h, disent les traditions et des auteurs dignes de foi, on trouvait un banc de morues qui devint, avec les pêches de merlus et de congres, un objet de spéculations. On en trouve la preuve dans un titre de l'an 1266 (article 26, page 87 des Constitutions du Duché de Bretagne).

Il est facile de comprendre que l'extension presque subite prise par Penmarc'h devait exciter les convoitises du peuple anglais héritier des traditions excursionnistes, des Northmans ; aussi des corsaires


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de la perfide Albion opérèrent t-ils de fréquentes descentes sur les côtes avoisinantes. En 1242, leurs ravages furent tels, que Saint-Louis s'en émut et ordonna au duc de Bretagne d'organiser avec le concours des populations maritimes, une armée pour débarrasser le pays de ces pirates. Les Anglais furent chassés et leurs vaisseaux brûlés. Parfois même, les Bretons les poursuivirent jusque sur le territoire anglais ; quelques auteurs disent, qu'a la suite d'une de ces chasses, le port de Plymouth fut incendié.

Aux XIV* et XV* siècles, la ville de Kérity faisait en outre, le commerce de grains, de bestiaux, de chanvres, de toiles et autres productions du pays, avec les ports espagnols de Gallicie et des Asturies, le Bordelais, le Navarrois, et surtout avec le Portugal. Tous les cultivateurs des environs affluèrent à Penmarc'h et ils se livrèrent au trafic. Il fallut qu'une ordonnance royale en date de l'an 1404, fit défense aux laboureurs, de « non tirer et ne mettre hors par eux ne par aultres, ne bailler à estrangers pour les trier, ne mettre hors, nuls ne aulcuns desdicts vivres, denrées ne aultres choses quelconques, sauf seulement les vins, poissons, fourments, sègles et seaux, et ce soubs le congié et licence de nous. »

Un port et une longue jetée - affirme le chevalier de Fréminville -, y existait pour recevoir les bateaux et les mettre à l'abri. On retrouve encore des vestiges de cette jetée en pierres de taille, qui s'étendait de Kérity jusqu'au rocher nommé La Chaise, qui en est a un quart de lieue en mer.

En 1402. une escadre anglaise, forte de 6.000 hommes s'empara d'une flottille Penmarc'haise composée de 40 navires marchands chargés d'huiles, de savons, de vins. Non contente de ces méfaits,


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elle débarqua à Penmarc'h et ravagea tout le pays.

En 1404, nouvelle descente des Anglais sous les ordres de l'amiral Wïlford. Ses troupes rançonnent et pillent la côte.

Une épouvantable tempête survenue vers cette époque, détruisit, dit-t-on, près de 500 bateaux de pêche.

Ce fut le commencement de la décadence pour cette cité. Cependant le commerce y était encore important, lorsque la nouvelle de la découverte du banc de Terre-Neuve, vers 1500, mit les marins de Kérity en butte à une concurrence d'autant plus redoutable que les bancs de morue qu'ils exploitaient dans leur voisinage, avaient disparu en partie.

Vers le commencement du XVIe siècle, nouvelle invasion des Anglais qui ne se contentent pas de saccager Penmarc'h, mais menacent encore Pont-l'Abbé et Quimper. Alain de Guengat, vice-amiral de France, accourt en toute hâte avec son armée qu'il renforce des gens des paroisses avoisinantes, et déloge les Anglais du port de Kérity où ils avaient abrité leurs bâtiments.

Il faut croire que les bénéfices que retiraient les armateurs de Penmarc'h de leurs trafics étaient considérables, puisque malgré ces incessantes alarmes, ils y demeurèrent.

La preuve en est dans le privilège qu'Henri II accorda en 1336 à l'arquebusier qui abattrait un oiseau, nommé papegeai ou papegault placé au haut d un mât piqué en terre, de débiter 45 tonneaux


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de vin exempts de tous droits (1). Or, ce privilège n'avait pas à cette époque été accordé aux villes de Nantes et de Rennes. Celle de Kérity-Penmac'h comptait alors parmi ses habitants, près de trois mille arquebusiers, ce qui suppose que le nombre total de sa population était assez élevé : quelques auteurs l'évaluent à 30.000 habitants, d'autres a 40.000, mais elle ne parait pas avoir dépassé 15 a 20.000 habitants.

De nouveaux malheurs allaient fondre sur cette ville. Des corsaires se mirent à écumer les bâtiments allant à Penmarc'h ou en revenant, aussitôt qu'ils étaient au large. Il advint que les armateurs étrangers durent renoncer à envoyer leurs navires dans ce port. Le commerce commença à péricliter, plusieurs riches commerçants se dégoûtèrent d'y demeurer et allèrent jouir de leur fortune dans des localités plus paisibles. Mais ce fut le fameux brigand La Fontenelle qui, par les ravages qu”il y commit sous le manteau de la Ligue, acheva de la ruiner complètement. On l'abandonna et aujourd'hui ses ruines ne sont plus habitées que par de pauvres pêcheurs.

La paroisse de Tréoultré, aux derniers siècles, ne relevait que du Roi, et probablement auparavant des Ducs. Mais les barons du Pont, y avaient des droits importants de pêche, dès 1442, sous les noms de varrantage, marénage, sècherie et pêcherie. Ils sont déclarés dans les aveux du 29 mars 1480, rendu

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(1) Le papegai on papegault. s'exécutait encore à Penmarc'h et à Pont-l`Abbé en 1722. L'abatteur jouissait des privilèges et des droits d'impôt et billot sur une quantité de vin débitée dans la Ville. Ce droit est pour Pont-l`Abbé, de 15 pipes de vin. Le peu d'avantages que l'on retirait de cet exercice militaire, le fit supprimer dans plusieurs endroits. Un arrêt du Conseil d’État du Roi du 31 décembre 1763 le fit supprimer dans toute la Bretagne. Les droits accordés à la paroisse de Penmarc'h-Kérity pour ce jeu furent attribués à l’hôpital de Pont-l'Abbé en 1771.

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par Pierre du Pont; du 11 nov. 1494, par sa veuve Hélène de Rohan; droits reconnus par sentence du sénéchal de Quimper, du 5 juin 1546, par arrêts du Parlement, du 24 oct. 1564, et du 9 oct. 1674.

Les droits étaient variables suivant les lieux où se pratiquait la pêche. Ainsi, les pêcheurs au-dessous du Minou payaient le droit de 45 sols pour la première partie de pêche, et de moitié pour la seconde ; tandis que les pêcheurs au-dessus du pont ne payaient que 35 sols.

Toutefois, le bourg semble avoir particulièrement été en dehors de la baronnie ; en effet, les barons ne réclament que très modérément, la supériorité sur l'église de Tréoultré, mais la réclament absolument dans les églises de Kérity, St Pierre, et la Joie, par suite de leurs droits.

Les habitants de Penmarc'h, fiers de leurs capacités nautiques et commerciales, et, d'autre part, ayant été l'objet de la sollicitude royale qui leur accorda le droit de papegault, crurent pouvoir s’affranchir des droits dus par eux au baron du Pont. De tout temps, et même encore de nos jours, le marin n'a qu'une piètre considération pour ceux qui cultivent la terre et qui ne font pas journellement acte de courage.

Les barons durent recourir aux sentences du Parlement. Par arrêts du 24 octobre 1564 et du 16 octobre 1674, ils furent reconnus dans les droits de pêcherie, sècherie et vaccantage. Mais lorsqu”ils voulurent les recouvrer, les gens de Penmarc'h se soulevèrent tant et si bien que de guerre lasse, les seigneurs du Pont renoncèrent ou tout au moins ne les réclamèrent pas.

En 1608, le baron d'Ernothon, bien que les titres appuyant les droits des seigneurs de la baronnie aient été détruits lors de la révolte du papier timbré,



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fit signifier aux Penmarc'hais d'avoir à lui rendre quelques titres soi-disant détenus par leur recteur, et à payer les droits de pêche, etc... Soutenus par leur recteur et le sieur Kersaux (de) qui les excitent à ne pas se soumettre, ils maltraitent et battent quatre huissiers envoyés pour leur notifier les sentences ; un d'eux est laissé comme mort sur la place.

En 1706 et 1709, de nouvelles notifications n'eurent pas davantage de résultat. Le sieur de Montalembert, sénéchal de la juridiction du Pont, s”étant rendu à Kérity chez le sieur de Kersaux, y trouva le recteur Desrobins. ll leur reprocha d”être les meneurs de cette révolte et les menaça de les faire enfermer. Des injures furent échangées de part et d'autre. Des pierres furent lancées contre le sénéchal et plusieurs dragons alors en garnison à Pont-l'Abbé et qu'il avait amenés pour en imposer à la populace. Le sieur de Kersaux s'étant livré à des sévices vis-a-vis de M. de Montalembert, celui-ci le fit sommer de se rendre ou « qu'il lui couperait le nez et l'attacherait à son cheval. » L'émeute fut alors calmée et le sénéchal put revenir à Pont-l'Abbé.

Il est absolument curieux de voir les gens de Penmarc'h se plaindre des mesures d'intimidation employées à leur égard. Le curé de Penmarc'h soutenu par l'évêque de Quimper, dépose une plainte et, pour se défendre, le baron d'Ernothon est obligé d'obtenir un certificat des officiers de dragons, attestant qu'ils ne se trouvaient ce jour-là à Penmarc'h que par le plus grand des hasards : une excursion à la Torche et à Kérity. Assez piteuse défense et qui ne dut guère arranger les affaires du baron.

Aussi loin que nous reporte l'histoire de Penmarc'h nous trouvons ses habitants absolument hostiles non